Sylvie Paley, présidente de l’association Action contre le cancer infantile au Burkina Faso : « Le cancer paupérise toute une famille »

Burkina Faso ACCIB« Le cancer paupérise toute une famille »

La Journée internationale du cancer infantile est commémorée chaque 15 février. Dans cette interview, la présidente de l’association Action contre le cancer infantile au Burkina Faso (ACCIB), Sylvie Paley explique les difficultés rencontrées dans le traitement de la maladie et les actions que mène sa structure auprès des malades.

 

Sidwaya (S.) : Comment la Journée internationale du concert infantile a été commémorée cette année par l’ACCIB?

Sylvie Paley (S.P.) : Cette année, nous nous sommes focalisés sur trois activités. Premièrement, nous mettrons l’accent sur la communication, la sensibilisation, l’information. Quand on parle de cancer, il faut sensibiliser le maximum de personnes. Car plus le malade se rend tôt à l’hôpital, plus il a de la chance d’être soigné. En plus de la sensibilisation, une conférence publique sur le thème «Rôle des soins palliatifs et de l’accompagnement », a été animée par un chirurgien cancérologue. Une remise de kits aux malades du cancer est prévue le samedi 27 février 2015 au Centre hospitalier universitaire Souro Sanou de Bobo-Dioulasso. Elle sera suivie d’une distribution de repas aux enfants malades et admis au CHUSS. Comme ce sont des enfants malades, nous mettons aussi l’accent sur la nutrition.

 

S. : Quel constat peut-on faire sur le cancer infantile dans la région des Hauts-Bassins ?

S.P. :Il faut savoir que le cancer gagne du terrain. Au début de nos actions, on recevait quelques enfants malades surtout du cancer de la joue, le lymphome de Burkitt. C’est la première forme de cancer qui touche les enfants. Au fur et à mesure nous menons la sensibilisation à travers la presse écrite, la radio et la télévision. Les parents, sachant qu’il y a une prise en charge, font tout leur possible pour envoyer l’enfant à l’hôpital. Mais on constate que jusqu’à présent, les parents amènent les enfants en retard. C’est pour cela que cette année, nous allons mettre l’accent sur la sensibilisation dans les milieux ruraux. En 5 ans, nous nous sommes occupés d’une trentaine d’enfants malades uniquement du Burkitt. Je ne dis pas que les autres organes ne sont pas touchés par le cancer. Notre cible est les enfants de 0 à 17 ans.

 

S. : Quelles sont les actions que vous menez sur le terrain ?

S.P. : Nous faisons une prise en charge complète. Nous faisons d’abord la sensibilisation auprès des populations. En plus, nous menons des actions de plaidoyers auprès de certaines personnes ressources, notamment les médecins, les chefs d’entreprises pour voir dans quelles mesures nous pouvons travailler ensemble pour la collecte des fonds pour la prise en charge. Nous aidons aussi certains malades à payer leurs frais d’examens. Car il y a des parents qui n’arrivent pas à payer les frais d’examen, à plus forte raison les frais de cures. Nous sommes aussi dans le curatif. Et cela est le nerf de la guerre car jusqu’à présent, les médicaments coutent extrêmement chers. Chaque année, nous attirons l’attention du gouvernement avec des sorties médiatiques. Nous demandons au gouvernement de jeter un regard sur cet aspect. Ainsi, nous achetons des médicaments anticancéreux, antidouleurs et antibiotiques pour des malades. En plus, nous fournissons des aliments aux malades. Nous nous sommes dis que les médicaments sont fortement dosés, de ce fait, si les enfants ne sont pas bien alimentés c’est comme si le travail est à moitié fait. A cet effet, nous votons chaque année un petit budget pour la nutrition. Cette nutrition est constituée de la soupe aux légumes, du yaourt, des fruits, etc. Nous intervenons également dans le suivi psychosocial, parce que le cancer est chronophage. Il s’étale sur une longue durée. Dès que l’enfant est admis à l’hôpital, les parents y passent un long temps. Ce long temps fait que les parents sont angoissés, certains veulent même fuir l’hôpital, raison pour laquelle nous passons de temps en temps pour leur remonter le moral afin de les maintenir pour le traitement.

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