(Par Sylvie LAPOSTOLLE, au congrès de la SFH)
PARIS, 25 mars 2016 (APM) - Le dispositif d'assistance des malades ambulatoires (AMA) mis en place à Toulouse améliore la dose-intensité de la chimiothérapie chez des patients traités pour une leucémie lymphoïde chronique, et potentiellement la survie sans progression, selon une étude présentée jeudi à Paris au congrès de la Société française d'hématologie (SFH).
L'efficacité de l'association d'immunochimiothérapie de première ligne dans la leucémie lymphoïde chronique, fludarabine + cyclophophamide +rituximab (Mabthera*, Roche), peut être grevée d'une toxicité hématologique importante (60% de neutropénies de grade 3 ou 4, 15-25% de neutropénies fébriles). Or une baisse de la dose-intensité relative supérieure à 20% réduit la durée de vie sans progression et la survie globale, comme l'ont montré les études CLL8 et CLL10 et d'autres en "vraie vie", a rappelé Loïc Ysebaert de l'Institut universitaire du cancer de Toulouse (IUCT).
Dans cet établissement, le dispositif AMA développé depuis 2006 dans les lymphomes a fait ses preuves et est progressivement étendu à différents cancers (cf APM SL6NOLQKR). Reposant sur un appel systématique au domicile des patients par une infirmière spécialisée, il permet de réaliser une surveillance rapprochée des patients à leur domicile entre deux cures de traitement. Il suit un protocole très précis et le travail des infirmières de coordination permet de faire un tri et de ne solliciter l'oncologue qu'en cas de nécessité.
L'équipe du Pr Guy Laurent de l'IUCT a mené un essai randomisé pour démontrer son impact sur la dose-intensité relative auprès de 60 patients traités pour une leucémie lymphoïde chronique par la fludarabine + cyclophosphamide + rituximab dans des centres de trois régions différentes (47,4% en CHU, 39% en CH et 13,6% en centre privé).
Avec le dispositif AMA, la baisse de la dose-intensité relative (critère d'évaluation principal) était moindre, de manière statistiquement significative. Elle a concerné 19,2% des patients du bras AMA contre 38,4% des patients du bras contrôle, soit une amélioration de 50%.
La baisse survenait dès le deuxième cycle (25% au cycle 2 sans AMA contre 4% avec AMA). Le dispositif a généré 544 appels pour 30 patients, soit une médiane de 20 appels. Et 28,4% de ces appels ont justifié une hospitalisation pour transfusion ou bilan infectieux, surtout aux cycles 5 et 6. Le médecin généraliste a été sollicité au moins une fois dans 70% des cas par l'infirmière d'appel.
Avec le délai encore court de suivi, il n'a pas été observé d'impact sur la survie sans progression mais c'est "très probable" puisque la dose-intensité relative est corrélée au taux de maladie résiduelle, indiquent les spécialistes.
Grâce à l'administration de pegfilgrastim à J8 en prévention primaire des neutropénies fébriles, la tolérance hématologique était bien meilleure que dans les données publiées avec un risque de neutropénie de grade 3-4 à J8, J15 et J22 de chaque cycle inférieur à 15% et un risque de neutropénie fébrile inférieur à 5%.
"Ce travail démontre pour la première fois dans une étude randomisée la faisabilité et l'efficacité du dispositif AMA dans la gestion intercure confirmant ainsi les données déjà obtenues dans les lymphomes agressifs", conclut l'équipe.